En dehors des nombreuses planches, plus de 950 dessins précis et superbes agrémentent ce dictionnaire unique !

     Jusqu'à cette époque (où la Révolution française se terminait), il était admis que les être vivants étaient le produit d'une création particulière de chaque type d'organisme.

     Aucun naturaliste ne contestait alors la création indépendante des espèces.

     Cependant, J. B. Lamarck réfléchissait déjà à cette hypothèse hardie d'une généalogie unique du monde vivant…

     Ce rare et beau "grimoire" absolument incontournable est aussi un condensé formidable d'ethnologie où l'on découvre, par exemple, quels sont les bijoux formés d'insectes que les indigènes portaient alors.

     De nombreux et fourmillants exposés présentent des faits étonnants, comme ces cultivateurs, qui, pour se débarrasser des nuisibles frappaient leurs cultures avec des cordes !

     A cette époque, les scientifiques alertent les populations parisiennes de ces insectes étranges, les termites, qui sont capables de ruiner les habitations les plus robustes. Des poutres attaquées par les temites sont même exposées au public pour prouver la nuisance de l'animal...

     Tout naturaliste curieux s'amusera de découvrir cet ouvrage unique. Le lecteur découvrira les analyses "cartésiennes" de ces personnes qui révisaient les travaux de Carl von Linné, 1707-1778 qui reste l'inventeur ce cette admirable nomenclature "binominale", toujours en vigueur aujourd'hui. De très nombreux sujets sont abordés dans cette monographie incontournable de 750 pages !!!

     La conspiration des insectes : "La plupart des coléoptères vivent silencieux et inaperçus soit sur des plantes qui les cachent, et leur existence ne semble pas révélée pour la majorité des hommes, tandis que leur attention est éveillée par le vol capricieux des papillons qui semblent les narguer, par les balancements aériens des farouches Libellules aux ailes miroitantes, par le saut bruyant des Sauterelles, ainsi que le bourdonnement des Bourdons et des Abeilles".

     La conspiration de la nature : "Mais il est aussi des cas où il faut bien reconnaître que nous ne savons pas pourquoi les choses se passent tantôt d'une façon tantôt d'une autre; la nature veut-elle seulement nous donner le spectacle de son génie inventif ?"

     La survie des coléoptères : "Dans les temps passés, alors que de grandes masses d'eau couvraient la terre et qu'il y avait à sa surface d'énormes bouleversements causés par des inondations, bien des Coléoptères ont succombé; quelques-uns par un heureux hasard n'ont point été complètement anéantis et se sont transformés en fossiles".

     La divine inondation : "Lorsque la débâcle des glaces et la fonte des neiges amènent des inondations, quand les pluies d'orages, grossissant les cours d'eau, causent des débordements, les habitants des vallées sont dans la consternation, les Entomologistes, oublieux des misères de leurs semblables, sont au comble de la joie; jamais occasion si belle ne s'est présentée de faire de riches récoltes de Coléoptères".

     L'inextricable objet : "L'Odynère des murs installe devant sa demeure un conduit qui s'accroît à mesure que le trou s'agrandit, et qui, d'abord perpendiculaire au mur, se recourbe vers le bas. On a invoqué bien des raisons pour se rendre compte du motif qui pousse l'Animal à exécuter cette construction extérieure : la protection contre des attaques étrangères, contre la chaleur brûlante du soleil; bien des suppositions merveilleuses ont été faites".

     Vivement l'hiver : "Les Blattes fuient la lumière et se promènent la nuit, elles sont très agiles et courent rapidement; ce sont des insectes destructeurs, incommodes et puants. Elles abondent dans certains restaurants de Paris. Pour se débarrasser des Blattes ? On quitte l'habitation par une froide journée d'hiver, en ayant soin de tout laisser ouvert. A bout de deux jours, ces Insectes succombent épuisés sans doute par la brusque transition du chaud au froid; alors on reprend possession de sa demeure".

     La curiosité des feuilles errantes : "En raison de la forme large et aplatie de leur corps ainsi que de leurs pattes, les Phyllines pourraient être comparés à des feuilles errantes. En 1855, le jardin botanique d'Edimbourg accueillait un individu né d'un lot d'œufs originaires de l'Assam, au dessous de Cherrapoanjée, dans les monts Kusiah. L'insecte qui vécut dix-huit mois dans les serres, grâce aux soins de M. Nab, éveilla la curiosité de toute la ville".

     "Dans les premiers jours de juillets 1736, le seigneur d'un village proche des Andelys, vint voir M. l'abbé Nollet, accompagné entre autres domestiques, d'un jardinier qui avait l'air fort consterné.
Il s'était rendu à Paris pour annoncer à son maître qu'on avait jeté un sort sur sa terre. Il avait eu le courage, car il lui en avait fallu pour cela, d'apporter les pièces, qui l'en avaient convaincu ainsi que ses voisins, et qu'il croyait propres à en convaincre tout l'univers. Il prétendait les avoir produites au curé du lieu, qui n'était pas éloigné de penser comme lui.
A la vue des pièces, […] le maître crut devoir consulter son chirurgien […] lequel ne se trouva pas en état de donner des éclaircissements sur un sujet qui n'avait aucun rapport avec ses études, mais, celui-ci indiqua M. l'abbé Nollet comme très capable de décider.
Le jardinier ne tarda pas à mettre sous les yeux de l'abbé les rouleaux de feuilles, qui, selon lui, ne pouvaient avoir été faits que par une main d'homme et d'homme sorcier.
Outre qu'un homme ordinaire ne lui semblait pas capable d'exécuter rien de pareil, à quoi bon les eût-ils faits, et dans quel dessein les eût-ils enfouis dans la terre de la crête d'un sillon ? Un sorcier seul pouvait les avoir placés là pour les faire servir à quelques maléfices.
L'abbé Nollet certifia au brave homme, que ces jolis ouvrages étaient faits par des Insectes, et comme preuve, il tira le gros ver de ces rouleaux.
Dès que le paysan l'eut vu, son air sombre et étonné disparut : un air de gaieté et de contentement se répandit sur son visage, comme s'il venait d'être tiré d'un affreux péril".

     Une initiation par la lecture : "Puissions-nous assez intéresser nos lecteurs à cette population aquatiques, en lui exposant l'histoire des Coléoptères nageurs et Dytiques pour les engager à se rendre eux-mêmes sur les lieux et à voir de leurs propres yeux. Nous aurons alors atteint notre but, car nous savons qu'ils seront amplement récompensés de leur curiosité et qu'ils verront bien plus et beaucoup mieux".

"La frissonnante Libellule - Mire les globes de ses yeux - Dans l'étang splendide où pullule - Tout un monde mystérieux".
V. Hugo. Les rayons et les Ombres.